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vendredi 19 avril 2024

2022 en France, on reprendra les mêmes et on recommencera

A plusieurs mois encore d’une élection majeure, on ne devrait pas savoir, sauf cas exceptionnel, qui en serait le vainqueur, qu’il s’agisse d’une présidentielle pour régime présidentiel, ou de législatives pour régime parlementaire. Lors de la dernière présidentielle algérienne, il a fallu attendre l’annonce des résultats pour connaître le nom du vainqueur : le président actuellement en exercice, Abdelmajid Tebboune. Ce résultat n’était pas écrit d’avance. Son principal rival, Ali Benflis, aurait pu très bien être élu à sa place. Ce qui vaut pour une élection passée vaut évidemment davantage pour une élection qui ne s’est pas encore tenue. Personne ne peut dire quels sont les partis qui remporteront les législatives algériennes du 12 juin. Sera-ce le FLN, le RND, le MSP, ou d’autres encore ? Sur la base des expériences passées, on peut juste faire des suppositions. On ne peut avoir des certitudes. Il en est autrement de la prochaine présidentielle française, dont on peut dire par avance entre qui et qui se jouera le deuxième tour. Celui-ci opposera les deux candidats sortis en tête lors du premier tour en 2017. On peut être plus précis encore : il mettra aux prises Emmanuel Macron, le président sortant, et Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite, celle-là même qu’il a eu à affronter au deuxième tour de la présidentielle précédente.

Ainsi donc, à une année de l’échéance, on sait qui va la remporter : le président sortant. Et comme en 2017, ce ne sera pas parce qu’une majorité d’électeurs se seront reconnus dans son programme, mais parce qu’ils auront à cœur d’empêcher l’élection de la représentante de l’extrême droite. Un scénario aux conséquences incalculables pour leur pays, en effet. A ce premier tour de 2017, Macron s’était placé devant Le Pen. Au Premier tour de 2022, les sondages le donnent depuis plusieurs mois déjà derrière elle. Il n’en remportera pas moins le deuxième tour, selon toute apparence du moins. Et comme en 2017, ce ne serait pas parce qu’il aurait convaincu une majorité d’électeurs dans l’intervalle, mais parce qu’une majorité de Français se serait mobilisée pour barrer la route à l’extrême droite. N’était la présence de Le Pen, c’est probablement contre lui que cette majorité se serait constituée. Il a été un président par défaut une première fois, tout indique qu’il va l’être une deuxième fois. A une condition toutefois : que les conditions sociales ne se détériorent pas au point que les électeurs en viennent à lui préférer malgré tout Le Pen. A en croire les sondages, l’écart entre eux deux a tendance à se réduire. Toujours est-il que voilà une élection qui a été conçue pour se tenir en deux tours qui se tranche maintenant en un seul. Rien que cela montre que la France est un pays non pas seulement en crise politiquement parlant, mais en danger de mort. L’élection de Le Pen, si elle survient, une possibilité qui d’ailleurs suscite un rejet qui va s’affaiblissant, plongerait la France dans une crise majeure. Ou elle accepte cette élection, ou elle la refuse. Si elle l’accepte, elle sera mise au ban de l’Europe et de la communauté internationale, moins d’ailleurs parce que Le Pen vient de l’extrême droite que parce que l’ADN de celle-ci est vichyste. Si elle la refusait, elle annulerait la présidentielle venant de se tenir. Et dans ce cas, elle entrerait dans un scénario à l’algérienne. Des deux éventualités, la plus probable est la deuxième. En effet, entre deux crises effroyables, l’instinct de conservation commande de choisir la moindre. Il vaut mieux refuser le résultat d’une élection en soi irréprochable que l’accepter et du même coup signer son arrêt de mort national. Le système démocratique n’est pas toujours le moins mauvais des régimes. Il peut même se révéler le pire. C’est ce qui est arrivé en Allemagne en 1933.

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