En Afrique, un pays, l’Afrique du Sud, représente à lui seul la moitié du bilan épidémiologique de tout le continent. Cette particularité fait de lui le meilleur repère auquel se référer pour suivre l’évolution de la pandémie dans le continent. Il se trouve que celle-ci y est engagée pour l’heure sur une pente décroissante, chose qui ne doit rien à la campagne de vaccination, qui n’en est en effet qu’à ses débuts, à l’image d’ailleurs de ce qu’elle est dans le monde, à l’exception de cas se comptant sur les doigts d’une seule main. On crédite l’Afrique du Sud du triste privilège d’avoir été le berceau d’un variant du virus responsable du Covid-19. Il n’est pas d’ailleurs le seul pays africain dans son cas, puisque le Nigeria serait lui aussi la terre natale d’un autre variant. On se demande comment fait-on pour assigner une origine à un variant, alors même qu’il y a encore débat sur le lieu d’apparition de la souche mère. S’agissant du variant dit nigérian, cela est d’autant plus étrange que ce n’est pas au Nigeria qu’il a été détecté en premier mais au Canada. La question se pose même de savoir s’il l’a jamais été dans le pays où l’on a dit qu’il était apparu.
Car contrairement à l’Afrique du Sud où la pandémie a effectivement connu une propagation significative, rapportée à celle relative au continent dans son ensemble, de sorte qu’il est concevable qu’un variant ait pu peut-être résulter, au Nigeria, le pays africain de loin le plus peuplé, la reproduction du virus a été somme toute limitée. En termes de décès ce pays rapporte moins que l’Algérie, qui elle-même s’en tire plutôt bien. Et la pandémie y est en recul, ce qui est aussi le cas en Algérie, même si le nombre de contaminations et de décès quotidiens a quelque peu augmenté ces derniers jours. Il n’en reste pas moins que c’est aller vite en besogne que de voir dans cette hausse le signe avant-coureur d’une nouvelle vague, qui le cas échéant serait la troisième. Pour parler de vague, il faudrait une explosion de l’épidémie, une accélération de la propagation du virus, une augmentation exponentielle des infections et des décès. Ce n’est pas ce qui s’observe aujourd’hui en Algérie, où l’épidémie est en fait en équilibre sur un plateau bas, tant pour le nombre des contaminations que pour celui des décès. Nulle part en Afrique, on ne serait aujourd’hui fondé à parler d’une nouvelle vague de l’épidémie. Le nombre des contaminations serait plutôt en baisse partout, y compris en Afrique du Sud, dont le cas particulier pourrait bien s’expliquer par l’épidémie d’obésité dont il est affligé. Sans contact avec le reste du monde, ce qui bien sûr est impossible, l’Afrique en finirait avec l’épidémie sans l’aide de la vaccination. Elle est le continent qui s’en sort le mieux, ce qu’il semble impossible d’expliquer autrement que par l’hypothèse d’une immunité collective préexistante. En Algérie, une enquête portant sur un millier de donneurs de sang avait conclu à une immunité collective de 50 %, qui sur le moment n’avait pas semblé convaincante à tout le monde. Il se peut bien qu’elle soit dans le vrai au bout du compte, à cette réserve près que l’immunité en question n’est pas secondaire à la pandémie, qui en Algérie ne s’est pas répandue suffisamment pour infecter une fraction importante de la population.